
Dernières rives de l'enfance
Dernières
rives de l'enfance
Je ne pensais pas finir si vite
Dans quelque bout du monde
Mais pourquoi pas ici
Au bout du chemin les lichens liquides
Ont envahi le fantôme des arbres
Et les fraisiers d'angoisse recouvrent le sous-bois :
Fétiches annonçant la grotte et les vasques grises
Où baigner l'idée de notre mort.
La vie aura toujours un air de cirque grinçant
Même si l'on s'allonge sous les frondes
Même si la clairière nous sert de blottissoir
Si l'on se déshabille d'une main leste
Dans la poudreuse ou le marais salant
(Ou les bocages framboisiers)
même si l'on repasse en boucle et en bande désorganisée
le vent de la nuit
si l'on forwarde le chant d'oiseau pulvérisé
même si tu offres ta chair quand il fait
TROP SILENCE
pour me repaître
même si l'on reste hors des sentiers html
la vie aura toujours un air de nightcub électro / de chaise électrique
un goût de fanfare d'enfer avant la descente
Peu importe il n'y a que le champ de la page
le sillon qui te sauve
ne le lâche pas Tiens bon
J'essaie d'entendre la forêt
sa partition complexe aux clefs enchâssées
Et puis dans la futaie
ta voix comme une flûte claire
soulevant la note continue de la rivière comme une couverture sonore
pour découvrir la vie des menthes sauvages
et leur cri
Et puis ta peur étendue sur l'herbe humide
en baigneur sensuel
Et en bas
chut
la rivière de glaise bleue
Styx plissé entre les vasques calcaires
chut
j'essaie d'entendre la solitude
qui sèche sur un banc de sable
près d'un oiseau pêcheur.
J'avance dans l'eau
chut
Regarde les falaises s'entrouvrent
Dans le miroir de la Loue
j'ai un drôle de regard où sont noyés tous les climats
celui des taïgas et celui des savanes d'enfance
j'ai un regard où se croisent tous les fleuves remontés à contre-courant
par tous ceux qui naissent agonisants
j'ai un regard pluviomètre comme celui des poupées de porcelaine
qui décolorent au contact du temps
Mais si
Mais si tu peux sauter
La nuit s'épand, écoute le silence en nappes noir de penne
On pourrait presque le peindre
Mais si
La mort a son domaine ici
Saute.