Dernières rives de l'enfance

07/08/2019

Dernières rives de l'enfance


Je ne pensais pas finir si vite

Dans quelque bout du monde


Mais pourquoi pas ici


Au bout du chemin les lichens liquides

Ont envahi le fantôme des arbres

Et les fraisiers d'angoisse recouvrent le sous-bois :

Fétiches annonçant la grotte et les vasques grises

Où baigner l'idée de notre mort.


La vie aura toujours un air de cirque grinçant


Même si l'on s'allonge sous les frondes

Même si la clairière nous sert de blottissoir

Si l'on se déshabille d'une main leste

Dans la poudreuse ou le marais salant

(Ou les bocages framboisiers)

même si l'on repasse en boucle et en bande désorganisée

le vent de la nuit

si l'on forwarde le chant d'oiseau pulvérisé

même si tu offres ta chair quand il fait

TROP SILENCE

pour me repaître

même si l'on reste hors des sentiers html

la vie aura toujours un air de nightcub électro / de chaise électrique

un goût de fanfare d'enfer avant la descente


Peu importe il n'y a que le champ de la page

le sillon qui te sauve

ne le lâche pas Tiens bon

J'essaie d'entendre la forêt

sa partition complexe aux clefs enchâssées

Et puis dans la futaie

ta voix comme une flûte claire

soulevant la note continue de la rivière comme une couverture sonore

pour découvrir la vie des menthes sauvages

et leur cri


Et puis ta peur étendue sur l'herbe humide

en baigneur sensuel

Et en bas

chut

la rivière de glaise bleue

Styx plissé entre les vasques calcaires

chut

j'essaie d'entendre la solitude

qui sèche sur un banc de sable

près d'un oiseau pêcheur.


J'avance dans l'eau

chut

Regarde les falaises s'entrouvrent


Dans le miroir de la Loue

j'ai un drôle de regard où sont noyés tous les climats

celui des taïgas et celui des savanes d'enfance


j'ai un regard où se croisent tous les fleuves remontés à contre-courant

par tous ceux qui naissent agonisants

j'ai un regard pluviomètre comme celui des poupées de porcelaine

qui décolorent au contact du temps


Mais si


Mais si tu peux sauter

La nuit s'épand, écoute le silence en nappes noir de penne

On pourrait presque le peindre


Mais si

La mort a son domaine ici

Saute.

© 2019 Cathy Jurado cathyjurado.atelier@gmail.com
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